Notre Ă©poque est celle de l’hyper individualitĂ©. Mais de quoi s’agit-il ? Chacun et chacune fait de soi-mĂªme sa principale rĂ©fĂ©rence. MĂªme si l’on connaĂ®t d’autres repères, le but ultime pour l’homme moderne du XXIe siècle est finalement dâ€™Ăªtre lui-mĂªme, d’afficher son propre style et de devenir sa rĂ©fĂ©rence intrinsèque. La vie est un grand et long projet pour l’ego, ce qui ne va pas forcĂ©ment de pair avec Ă©goĂ¯sme.
Toutefois, une chose est sĂ»re : l’individualitĂ© est le dĂ©nominateur commun de notre temps. Qu’il s’agisse de personnaliser au maximum nos voitures, nos coiffures, le dĂ©cor de notre salon, nos tenues ou la manière dont nous rĂ©novons notre maison, l’essentiel est de se rĂ©aliser, de mettre en Å“uvre ses propres idĂ©es pour qu’elles deviennent rĂ©alitĂ©. Pensons Ă tous les outils des mĂ©dias sociaux qui tĂ©moignent aujourd’hui de cet effort permanent pour Ăªtre unique.
Le travail dĂ©diĂ© Ă l’affirmation individuelle contraste de manière singulière avec les rĂ©alitĂ©s Ă©conomiques de notre temps. Toujours plus de produits autrefois fabriquĂ©s Ă la pièce – qu’il s’agisse de vĂªtements, de commodes ou de vĂ©hicules ! – sont devenus aujourd’hui des articles de masse, produits en sĂ©rie et en grande quantitĂ©. Issus de très loin, ils ne coĂ»tent qu’une fraction de ce qu’ils valaient autrefois.
Mais aujourd’hui, le vent tourne, bien que lentement. L’individualitĂ© est l’un des thèmes essentiels de la mode. Chacun veut Ăªtre unique tout en achetant des marchandises standard Ă petit budget. L’industrie de l’habillement s’est adaptĂ©e en tentant de concilier la production de masse et la pièce unique. Avec de plus en plus petits lots – ainsi que l’on nomme les quantitĂ©s produites par article – elle tente de rĂ©pondre Ă l’évolution de l’esprit du temps.
Les fashionistas ont dĂ©jĂ quelques longueurs d’avance. Le plus grand luxe reste toujours la fabrication sur mesure, c’est-Ă -dire des vĂªtements adaptĂ©s Ă chaque morphologie. Ils sont mieux ajustĂ©s, plus agrĂ©ables Ă porter et plus harmonieux. LĂ aussi, je relève des parallèles avec le travail de 4B : dans le contexte des fenĂªtres, il s’agit presque toujours d’un travail sur mesure pour un projet très spĂ©cifique, un lieu totalement unique ou une situation de construction personnelle.
Né en 1970, Jeroen van Rooijen a grandi en Suisse orientale avant d’étudier le design de mode à Zurich. Il écrit depuis plus de 25 ans pour différents médias (Annabelle, NZZ, GQ, Harper’s Bazaar) sur les relations transversales captivantes entre la mode, le style et l’art de vivre.