Utilisation en cascade comme vision
Entre sa récolte et son utilisation, le bois est une matière première diversifiée, disponible sous de nombreuses formes. Celles-ci se distinguent souvent fortement par leur volume et leur teneur en humidité : bois brut, de sciage, de construction, matériaux en bois, fibres de bois destinées à l’industrie du papier et bien plus encore.
L’harmonisation des différents flux de bois a donc représenté une tâche de titan. « Des études comparables, réalisées à l’étranger, misent fortement sur la modélisation. » Partant des données disponibles sur les quantités de bois récoltées en forêt, les autres flux de matériaux ont été calculés », explique Nadia Malinverno, première auteure de l’étude et membre du laboratoire « Technologie et société » de l’Empa.
Pour sa part, l’équipe de l’Empa s’est fondée presque systématiquement sur des données « réelles », de la récolte du bois et de son importation/exportation au recyclage et à l’élimination, en passant par la transformation. Résultat : une image nettement plus précise, même si elle est imparfaite, souligne Nadia Malinverno. « Nous devons surtout la situation favorable des données en Suisse à nos collègues du WSL et de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) », précise Claudia Som, co-auteure et chercheuse à l’Empa.
Conclusion de l’étude : la Suisse dispose encore d’un énorme potentiel en matière d’utilisation durable du bois. Le taux de son recyclage se monte à peine à 8 %, alors qu’il représente environ 70 % pour le papier. Cinq à sept millions de mètres cubes de bois sont récoltés chaque année en Suisse. Quelque 40 % de cette quantité est soit directement utilisée à des fins énergétiques, soit brûlée. Selon les deux auteures, c’est loin d’être idéal. En effet, « pour que le bois remplisse sa fonction de stockage du CO2, il doit rester le plus longtemps possible en tant que matériau dans la technosphère, explique Claudia Som. Les chercheurs et l’initiative SCENE ont comme vision une utilisation en cascade du bois. Un contexte dans lequel un arbre abattu serait d’abord transformé en pièces de la plus grande taille et de la meilleure qualité possible, notamment en poutres, planches ou cadres de fenêtres pour la construction. Ensuite, il devrait être réutilisé sous cette même forme le plus longtemps possible. Et seulement lorsque c’est devenu impossible, il doit être broyé et transféré au niveau du matériau suivant, soit des planches plus petites, des copeaux de bois ou des matériaux dérivés du bois. La mise au four ne devrait intervenir qu’au moment où il n’est plus possible de l’utiliser autrement.
Dans le cadre de SCENE, les chercheurs souhaitent étudier dans les détails un emploi plus judicieux du bois des points de vue écologique et économique. L’un de leurs objectifs est d’examiner de plus près les flux de matériaux sélectionnés : sous quelle forme le bois est-il présent dans un flux donné ? Où se trouve-t-il précisément ? Comment est-il traité ? Comment pourrait-on sinon l’utiliser ? Dans les années à venir, de telles questions occuperont Nadia Malinverno, Claudia Som et leurs collègues de recherche.
Chez 4B, l’utilisation du bois comme matière première durable et renouvelable est une évidence depuis la fondation de l’entreprise en 1896. Aujourd’hui, plus de 100 000 fenêtres en bois quittent les ateliers de fabrication de Hochdorf/LU chaque année. Les déchets de bois qui en résultent sont systématiquement utilisés pour la production d’énergie, ce qui permet de réaliser une économie d’environ 220 000 litres de mazout par an.